Chroniques - Chronique de l'Abbaye de 2020


Abbaye Notre Dame de Grâce - Chronique de l'année 2020

 

 

 

 

Le moine berger

 

Quand je suis rentré à l’abbaye il y avait 2 ou 3 brebis amenées par le Papa de Père Marcel en échange de poules et de poulets.

Au fil des années, c’est tout naturellement que j’ai pris la conduite du troupeau en l’étoffant. En effet, je travaillais à la ferme de mes parents où il y avait des moutons.

Sur la photo en couverture je vous présente « Clochette, la Cheffe » qui est la 2ème à gauche. A droite, « Bouriquette » qui nous regarde et ne sait jamais ce qu’elle doit faire. Il y a aussi « Grisette » et « Goulue » la plus grosse, qui vide toutes les gamelles.

La principale occupation des brebis c’est de manger de l’herbe. Elles s’y mettent toutes ensemble. Ensuite, elles vont faire une longue sieste pour se reposer. Elles ont leur rythme et leurs heures.

En février, elles mettent bas. L’idéal pour une brebis c’est d’avoir 2 agneaux. Au début, les agneaux ne font que boire à leur mère. Ensuite, ils se mettent à manger de l’herbe. Avant de s’y mettre vraiment, ils baissent la tête et la relèvent comme leur mère et font semblant de manger.

Les agneaux s’amusent beaucoup ensemble. Ils font des courses avec entrain, tous sur la même ligne de départ et la même ligne d’arrivée comme aux Jeux Olympiques. Mais ils recommencent plusieurs fois. Ils font aussi des cabrioles, descendent dans un trou et en remontent en regardant l’effet qu’ils ont eu sur les autres.

Le psaume que les brebis préfèrent est celui-ci : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ».         

 

Notre dernier aumônier au Japon

 

Cette fin d’année a été marquée par un évènement qui a été vécu au Japon comme ici avec intensité, et pour cause : il s’agit du décès du Père Marcel Jeannette le 5 décembre à l’hôpital de Hakodate (Hokkaido).

Comment se fait-il que ce frère, entré au monastère en 1953 avec l’intention de vivre une vie paisible et fervente au sein de sa communauté normande se soit trouvé propulsé au Japon pour près de 60 ans et y finir ses jours ?

Cela tient à l’intime conviction qu’avait Dom Marie Joseph de l’urgence d’une aide aux communautés japonaises appauvries par la guerre et en manque de cadres et de formateurs. Dès lors Père Marcel pressenti accepta l’aventure. Il s’embarqua pour le Japon en septembre 1961. Arrivé à Nishinomiya il se mit aussitôt, et pendant trois ans, à l’étude de la langue et des coutumes japonaises, avant de devenir aumônier des moniales trappistines dans 5 monastères répartis du nord au sud de ce grand pays aux climats si variés.  Il y retrouva deux anciens de Bricquebec, le Père André et le Père Gabriel. Dans tous ces monastères Père Marcel a toujours été accueilli et accompagné au long des ans avec la plus extrême gentillesse et partout il a pu profiter de la qualité de la liturgie et de la beauté des chants en japonais. Il a été témoin aussi de la réalité de leur vie fraternelle et de leur ardeur au travail.  Enfin il se réjouissait de voir des jeunes vietnamiennes, courageuses et ferventes, rejoindre les monastères « cela augure bien de l’avenir » confiait-il à Dom Charles. 

Dans le cours paisible de la vie monastique, Père Marcel a dû faire l’expérience, avec les sœurs, de la peur face à la puissance déchainée des forces de la nature lors des tremblements de terre ou des tsunamis. C’est une nécessité pour comprendre l’âme japonaise, très marquée par la réalité de l’éphémère et de la nécessaire solidarité pour survivre.

C’est ainsi qu’au long des ans Père Marcel a tellement vécu la vie des japonais, en y mettant tout son cœur, qu’il en a tiré la conclusion : « mon pays, c’est le Japon ».

 

Ordination diaconale

 

L’année 2020 est marquée par la pandémie du Covid-19 qui attriste beaucoup de monde. Malgré cela, à l’Abbaye Notre Dame de Grâce nous nous réjouissons avec notre frère Simon-Marie pour son ordination diaconale le 5 juillet. La messe a été présidée par Monseigneur Laurent Le Boulc’h, notre évêque. Les parents de frère Simon-Marie n’ont pas été autorisés à venir en France pour partager la joie de la communauté, mais notre frère est entouré de ses frères moines, de ses compatriotes vietnamiens vivant actuellement en France pour des études ou autres raisons et de ses amis avec qui des liens d’amitiés sont tissés depuis son arrivée en France en 2010. Au mot de remerciement frère Simon-Marie a dit : “aujourd’hui mes parents et mes frères et sœurs de chair ne sont pas présents ici à cause de la pandémie mais j’ai une grande famille, c’est vous qui êtes mes parents, mes frères et mes sœurs, alors soyons dans la joie car les lectures de ce jour (Za 9, 9-10; Rm 8,9.11-13; Mt 11,25-30) nous invitent à la joie”. La messe est chantée en grégorien, en français et en vietnamien. « Ce qui fait une beauté unique et réservée à l’Abbaye de Bricquebec » disait un invité. La messe et la fête se sont passées dans la joie partagée en respectant les consignes sanitaires.

 

Un joli jardin de 10 ans

 

Anniversaire des 10 ans du retour du joli coin jardin de la communauté. À partir de 2010, nous avons labouré un coin du jardin abandonné depuis longtemps, à ce moment là, nous ne plantions qu’une petite sorte de salade, principalement des fleurs pour fleurir l’église. Mais peu à peu nous avons cultivé de plus en plus pour faire pousser d’autres légumes, et ces dernières années, nous avons récolté environ 3 tonnes de pommes de terre par an. Les légumes que nous cultivons sont: carottes, haricots, choux, choux-fleurs, oignons, courgettes, échalotes, choux-raves, betteraves rouges, concombres, poivron... Surtout nous récoltons environ 80/90 citrouilles chaque année. De plus nous cultivons des légumes vietnamiens. Nos légumes servent non seulement dans la communauté mais aussi pour les donner à nos amis et mettre en vente au magasin. Depuis 2 ans, nous cultivons plus de maïs pour nourrir les poulets, les carnards, les oies et même les souris et les rats… Car depuis la présence du maïs les rats sont plus nombreux. Nous voudrions agrandir le jardin mais nous n’avons pas le temps. Et aujourd’hui les fleurs sont partout et beaucoup de sortes de fleurs dans le jardin. Donc à l’arrivée de l’hiver, nous nettoyons les plants et faisons des boutures. Merci aux deux jeunes frères Michaël et Jean-Baptiste de prendre soin du jardin et de la volaille.

Nous vous souhaitons un beau jardin en 2021.

 

Retraite :

 

L’esprit du saint Concile Vatican II continue à œuvrer, car c’est pour la première fois qu’une personne féminine est venue pour nous donner la retraite communautaire, c’est Mère Abbesse de nos sœurs bénédictines à Valognes non loin de chez nous, Mère Clotilde.

Durant la retraite, Mère Clotilde nous a présenté le parcours de la vie de saint Benoît selon les écrits et le témoignage de saint Grégoire le Grand. Elle nous a dit ceci à propos de la vie fraternelle : « Pour aimer l'autre comme nous-mêmes il nous faut bien commencer par nous aimer nous-mêmes. Et pour cela, il faut être vrai. Il nous faut cultiver la vérité avec nous-mêmes et avec les autres. Il nous faut accueillir avec confiance cette vérité qui se dévoile petit à petit à nos yeux, l'accueillir quand le Seigneur nous la met sous les yeux. C'est la vérité qui nous rendra libres et aimants, libre pour aimer ». Merci à Mère Clotilde pour ses enseignements si riches et nourrissants.

 

Noviciat :

 

Frère Jean-Baptiste, jeune vietnamien arrivé parmi nous depuis fin d’octobre 2018. Après un an d’expérience de vie commune à l’école de Saint Benoît comme postulant et après avoir bien prié et bien réfléchi, il a demandé de devenir novice dans notre communauté. Sa demande a été bien reçue et acceptée par Dom Bernard et son conseil.

Devenant novice le 20 août dernier en la fête de Saint Bernard, frère Jean-Baptiste va recevoir pleinement, durant son noviciat, la formation à la vie cistercienne qui a pour but de restaurer la ressemblance divine grâce à l'action de l'Esprit-Saint. Aidé par la sollicitude maternelle de la Mère de Dieu, frère Jean-Baptiste progresse dans la voie monastique pour parvenir peu à peu à la taille du Christ dans sa plénitude. Nous lui souhaitons un bon cheminement sous la conduite de notre Père Saint Benoît.

 

Une année « DOM VITAL LEHODEY »

 

Malgré les difficultés éditoriales actuelles, Dom VITAL a vu son ouvrage « LES VOIES DE L’ORAISON MENTALE » réédité par deux éditeurs en 2020.

En juillet est sorti chez LE LAURIER une première reprise de son texte, sous une forme parfois un peu résumée, afin d’en rendre la lecture plus accessible à tous les chrétiens qui désirent apprendre à prier, comme le signale l’éditeur.

En décembre c’est au tour des éditions TRADITIONS MONASTIQUES, dans la Collection « Scriptorium », de proposer le texte complet en un volume très bien présenté. Nous retrouvons pleinement le travail si soigné de nos frères de l’Abbaye Saint Joseph de Clairval à Flavigny. D’où une lecture agréable, bien en harmonie avec la pensée limpide de DOM VITAL.

Ces rééditions, après celle encore récente du SAINT ABANDON, sont significatives de la valeur pédagogique et spirituelle des écrits de notre ancien abbé. En notre époque incertaine les croyants retrouvent le goût, ou perçoivent la nécessité vitale, d’un enseignement spirituel solide, clair et sûr qui, en les guidant dans les voies de l’intimité divine, dynamise leur foi et leurs engagements.

Cela est d’autant plus vrai pour DOM VITAL, dont les écrits sont le fruit de la riche conjonction d’une bouleversante conversion intérieure à l’amour de l’Enfant Jésus et d’une expérience pastorale féconde. Le tout purifié par de rudes épreuves de santé qui ouvrirent son âme au confiant abandon à la Grâce.

Une lecture de ce livre vous aidera certainement à vivre dans la Paix cette nouvelle année.    

 

Visitations

 

En cette année peu propice aux rencontres, nous avons eu la joie de deux belles visites ou « visitations », car le Seigneur était au rendez-vous. En septembre, Dom Olivier, Mère Isabelle et Dom Jean-Marc d’Acey sont venus pour notre Commission d’Aide. Ce temps de partage, d’écoute et d’accueil, fut très positif. C’est une joie de vivre ainsi les bienfaits de la communion fraternelle de notre Ordre.

Communion toujours avec la venue de notre Abbé Général Dom EAMON, accompagné de son secrétaire Père SIMEON, lors de sa visite, en octobre, de 14 monastères français. Annoncée comme une « visite, brève mais joyeuse et fraternelle » cette rencontre l’a été pleinement avec, en plus, le témoignage paternel d’une union spirituelle forte. Nous en restons très reconnaissants à Dom EAMON.

 

Les frères de Notre Dame de Grâce vous assurent de leur communion dans la prière et vous souhaitent une heureuse Nouvelle Année.

Une année 2021 placée, par le Pape François, sous le providentiel patronage de Saint Joseph.