Chroniques - Chronique de l'Abbaye de 2024



Abbaye Notre Dame de Grâce - Chronique 2024

 

 

 

JUBILE DES 200 ANS

 

13 juillet 1824 L’abbé Bon Onfroy et quelques compagnons inaugurent la vie monastique à Bricquebec. Ils sont pieux et courageux mais leur situation est pauvre et précaire. En effet, contrairement à l’habitude, ils ne sont pas épaulés par une abbaye plus ancienne.

Curé de Digosville l’abbé Onfroy désirait devenir trappiste, mais son évêque Mgr Dupont de Poursat ne souhaitant pas le voir partir lui demanda de fonder lui-même un monastère dans le diocèse. Obéissant, l’abbé se mit en quête d’un lieu de fondation. Suite à la Révolution les monastères abandonnés étaient nombreux, cependant les moyens financiers manquaient, le temps passait sans résultat, fallait-il renoncer à ce projet ? Mais l’évêque l’encourage à persévérer et, dans un bel acte de foi, l’abbé Onfroy lui répond en citant les paroles de saint Pierre à Jésus « sur ta parole je jetterai le filet » (Luc 5,5). Peu après un paroissien de Bricquebec, Casimir Lefillastre, lui propose de devenir moine à sa suite et de lui donner son petit domaine comme lieu de fondation. Cette propriété, qui n’est que broussailles, rochers et marécages, paraît bien impropre à la vie d’une communauté. Mais l’abbé ne doute pas du secours de la Providence et y construit une chaumière rustique qui sera le « monastère » où commencera le 13 juillet 1824 la communauté de Notre Dame de Grâce.

 

Rapidement douze postulants se présentèrent. L’abbé Onfroy, devenu Dom AUGUSTIN, cherche à rattacher sa fondation à l’Ordre Cistercien Trappiste. Les abbayes de Port-du-Salut puis de Melleray et de la Grande Trappe vont l’aider en son projet et dès 1835 Dom Augustin participe au Chapitre Général Trappiste.

Au milieu de bien des épreuves et des joies la communauté grandit, le monastère est construit, l’église abbatiale consacrée en 1834, les terres sont mises en culture et la liturgie dignement célébrée pour la louange de Dieu.

A sa mort en 1857, Dom Augustin laissait une communauté toujours pauvre, mais pleine de foi et fervente.

Ce n’est pas le lieu de conter la riche histoire de nos 200 ans… Maintenant nous arrivons en 2024 et tout à la joie du Jubilé et à la préparation de sa célébration. Afin de pouvoir bien accueillir nos invités nous avons choisi de répartir la célébration sur deux jours. Le 13 juillet serait plutôt réservé au monde religieux et ecclésiastique et le 3 août à l’accueil de nos familles, amis, voisins et connaissances. Voici le compte rendu de ces deux belles journées bénies du Seigneur :

 

LE 13 JUILLET    

 

Lors de la messe d’action de grâce notre petite église, en sa blanche et lumineuse simplicité, était remplie de religieuses, religieux, venus de tout près telle Valognes, ou de très loin tel le Japon ; de prêtres et diacres permanents de notre paroisse, de Lyon comme du Vietnam ; et d’amis eux aussi du monde entier, dont monsieur le Maire de Bricquebec. La célébration était présidée par Dom Bernardus, notre Abbé Général, et par notre Evêque Mgr Grégoire Cador. Père Hervé Destrés assumait la fonction de cérémoniaire, une troupe de scouts de saint Malo servait à l’autel, père George Vimard tenait l’orgue et une chorale dirigée par madame Joëlle de France accompagnait parfaitement la liturgie.

A la suite du repas festif pour environ 130 invités, ce fut la très intéressante conférence de frère Paul de la Trappe « Réflexions monastiques sur la fondation de l’abbaye Notre Dame de Grâce ». Après un temps de visite du monastère la journée s’acheva par l’office d’action de grâce des Vêpres. 

 

LE 3 AOÛT

 

Ce samedi fut choisi pour faciliter la présence de nos familles et amis qui, de fait, furent nombreux à venir se réjouir avec nous en ce Jubilé. Mgr Grégoire Cador nous fit la joie et l’honneur de revenir pour présider notre célébration. La messe, animée par une chorale des sœurs Amantes de la Croix et accompagnée à l’orgue par notre amie Agnès fut un très beau moment de communion dans la joie. Mgr Grégoire Cador, avec humour et vérité, concluait « Vu du Ciel Bricquebec et le Vietnam c’est tout proche ».

Le vin d’honneur et le repas pour environ 160 personnes furent, malgré le temps pluvieux, d’heureux moments d’échanges facilités par le souriant et efficace service des bénévoles. A ce propos nous ne remercierons jamais assez tous les bénévoles qui tant au jardin magnifiquement fleuri, qu’à la cuisine ou autres services rendirent possible cette célébration Jubilaire.

Puis ce fut la visite de l’exposition sur la fondation du monastère et son histoire. Exposition réalisée avec le concours amical et très compétent de l’association locale des « Amis du Donjon » en référence au Château fort de Bricquebec.

L’office des Vêpres nous réunit à nouveau à l’église en un chant d’action de grâce avant les adieux. Chacun repartant avec le porte-clés souvenir du Jubilé à l’image de notre Dame de Grâce.      

 

LA VISITE DES SUPERIEURS DE L’ORDRE

 

A la suite de la célébration du Jubilé, Dom Bernardus, dont c’était la première visite à Bricquebec, est resté trois jours afin de pouvoir rencontrer les frères et connaître ainsi personnellement la communauté. Nous lui en sommes très reconnaissants. Parallèlement nos accompagnateurs habituels, Dom Pierre-André de Cîteaux, Père Immédiat, Mère Isabelle du Val d’Igny et Dom Benoît de Timadeuc nous ont aussi rencontrés. La conjonction exceptionnelle de ces deux visites fut un moment favorable pour évaluer, sereinement et en profondeur, notre vécu monastique présent et nos projets d’avenir. Cela se conclut par un solide encouragement à poursuivre la route avec persévérance et confiance. Nous comptons sur le soutien de vos prières pour répondre avec foi à cet appel fraternel. Dom Simon-Marie vous présente, un peu plus loin, une heureuse et importante suite à cette visite.

 

Visite des Mères Abbesses et Père Abbé Japonais

 

Nous avons une longue histoire avec les communautés du Japon puisque c’est en 1896 que le Chapitre Général a demandé au père abbé de Bricquebec, qui était alors Dom Vital, de prendre en charge la communauté du Phare qui venait d’être fondée et qui était en difficulté. A la suite, Bricquebec fut chargé d’accompagner les fondations de moniales du Japon. Tous les abbés de Bricquebec sont allés visiter et soutenir les différentes communautés. C’est donc avec bonheur que nous avons reçu la visite, à l’occasion du 2e centenaire de notre communauté, de Dom Franciscus Abbé du Phare, de Mère Albérica Abbesse d’Imari, de Mère Scholastica, Abbesse de Nasu, de Mère Gertrude, Abbesse d’Ajimu. Mère Véronique de Nishinomiya comptait venir mais en fut malheureusement empêchée. Avec l’accompagnement de Mère Maria Gemma Prieure de la Merci Dieu traductrice et de ce fait elle a permis de bonnes conversations et l’évocation de bons souvenirs du Japon avec la communauté, en particulier Père Charles. En effet, nous avons bénéficié d’une journée de rencontre avant le début de la célébration du jubilé. Nos échanges ont porté sur l’actualité et le passé par exemple Dom Marie Joseph et ses liens avec le Cercle Saint Jean-Baptiste qui permit la connaissance du compositeur et chef d’orchestre Seiji Osawa de célébrité mondiale, étudiant de musique en France, il était venu à Bricquebec dans sa jeunesse. Ce fut entre nous un moment de forte communion amicale avec les communautés du Japon.

 

Ô les beaux bocaux !

 

Nous sommes maintenant au début de l’hiver 2024. Actuellement, dans notre jardin potager, il ne reste que 1000 pieds de poireaux et 200 pieds de betteraves rouges. Au début de l’été, cette année, la météo n’était pas favorable pour jardiner : il avait plu abondamment. Par exemple, certaines régions ont connu des épisodes de pluies fréquentes, et chez nous, c’était également le cas !

Malgré ces conditions difficiles, notre récolte a été abondante. Nous avons eu beaucoup de petits pois, du maïs, des courgettes, des citrouilles, des haricots verts, des pommes de terre, des oignons, etc. Ce qui nous a permis de réaliser une belle réserve de conserves en bocaux de toutes les tailles. Grâce à Dieu, nous avons ainsi toujours assez de nourriture pour nos besoins, voire plus parfois. D’autre part, le Seigneur nous envoie des personnes pour nous prêter main-forte quand nécessaire.

 

Changement du supérieur

 

Dans l’élan du jubilé la nomination de frère Simon-Marie a été voulue par nos Visiteurs comme un signe de confiance en notre avenir.

« Frère Simon-Marie acceptez-vous la charge de supérieur de votre communauté ? ». Cette interrogation reste toujours dans ma tête, dans ma mémoire. C’était un moment important de ma vie de moine, de ma vie monastique et aussi de la vie de la communauté où je suis appelé au service du Seigneur avec les frères. Important pour la communauté parce qu’elle doit prendre conscience que son supérieur est un jeune, dynamique, mais avec peu d’expérience. Tous les frères de la communauté sont appelés à collaborer à la charge du supérieur. Car tous ensemble nous ne formons qu’un corps c’est le corps de la communion au corps mystique du Christ. Important pour moi parce que désormais je suis responsable de l’unité de ma communauté, du salut des âmes de mes frères et de gérer l’héritage et le patrimoine que nos anciens nous ont laissés. Un verset du psaume qui me venait à l’esprit pendant cette interrogation et qui m’a aidé à dire oui librement pour cette tâche de supérieur : « dirige ton chemin vers le Seigneur, fais lui confiance, et lui, il agira » (Ps 36, 5).

J’ai été nommé supérieur Ad nutum de ma communauté à partir du 14 septembre 2024 en la fête de la Croix Glorieuse par notre Père Immédiat, Dom Pierre-André BURTON, Abbé de Cîteaux. Je suis nommé en remplacement de Dom Bernard, que je tiens à remercier vivement et fraternellement pour le service rendu à notre communauté, ce qu’il continue d’une autre manière.

Avec tous mes frères, je vous confie ma nouvelle mission dans vos prières quotidiennes.

 

QUELQUES NOUVELLES …

 

- Voyage d’étude de frère Pierre en Suisse : Afin de se perfectionner encore dans la fabrication du tofu frère Pierre, piloté par des amis très dévoués, est allé fin septembre suivre un stage à l’abbaye d’Orsonnens au canton de Fribourg. Où les moines cisterciens sont experts en cette matière. Magnifiquement accueilli il a pu partager leur savoir faire et revenir enrichi d’une expérience de qualité. Avec lui nous disons notre reconnaissance à nos frères de Notre Dame de Fatima.

 

- Le 25 septembre Joseph, un aspirant connu de longue date, nous arrivait du Vietnam. Ici il a reçu le nom de Benoît et se montre empressé à suivre les traces de son nouveau patron. Nous confions à votre prière sa vocation et sa formation cistercienne, merci.

 

- Les scouts d’Europe de Cherbourg ont vécu avec leurs familles la messe de reprise d’année en notre église qui, ce dimanche, débordait de monde, de chants et de jeunes ardents. Nous remarquons avec joie qu’un nombre grandissant de troupes de louveteaux, guides et scouts, de France, de SUF ou d’Europe, viennent camper dans nos bois ou simplement vivre une journée à l’abbaye. De même sont plus nombreux les jeunes couples venant à la messe avec leurs enfants.

 

- Au moment où nous vous adressons cette chronique notre communauté, enseignée par Dom Gérard-Marie, vit sa retraite annuelle. Le prédicateur nous partage sa profonde Lectio Divina de l’Evangile de St Luc. Un appel à pénétrer plus avant dans l’intimité aimante du Christ notre Sauveur. C’est une belle porte d’entrée en l’Année Sainte pour le Jubilé de la Rédemption.

 

Vœux du Supérieur

 

En ce 1er décembre, nous célébrons liturgiquement le premier dimanche de l’Avent, qui marque le début de l’année liturgique, nous pourrions déjà nous souhaiter une bonne et sainte année. Car sans doute cette année sera fortement marquée par le Jubilé de l’année sainte 2025.

En lisant la bulle papale, intitulée « Spes Non Confudit », c'est-à-dire « L'espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5) du Pape François pour l’année jubilaire 2025, ce texte me fait penser à notre cher saint Benoît dans sa Règle quand il encourageait ses moines à « ne jamais désespérer de la miséricorde Divine ». (RSB 4, 74).

Oui, nous avons l’espérance qu’en ce monde la guerre, l’injustice et l’indifférence n’auront pas le dernier mot. Car pauvres et riches nous avons hérité d’un même amour et « l'espérance chrétienne ne trompe ni ne déçoit parce qu'elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Dieu ».

Au seuil de cette année nouvelle, nous tenons à remercier tous nos bénévoles, amis et bienfaiteurs qui nous aident tout au long de l’année et en particulier ceux et celles qui ont participé à la préparation de nos journées jubilaires. Merci aussi aux médecins, aux infirmières, aux aides-soignantes et aux auxiliaires de vie qui prennent soins de nos frères malades.

Avançons sur ce chemin d’espérance en devenant chacun et chacune de nous un signe d’espérance qui est recherche de paix et d’amour. Car nous accueillons bientôt à Noël le Prince de la paix qui est l’Emmanuel « Dieu avec nous ».

 

Belle et sainte année jubilaire 2025 à toutes et à tous.